Pour quelle raison, selon vous, les services secrets voulaient-ils piéger Hani Ramadan?
Claude Covassi / Al-jazeera - Pour plusieurs raisons. D’abord, les services secrets suisses veulent faire voter un projet de loi impopulaire qui vise à renforcer leurs pouvoirs. Il était donc nécessaire d’avoir un « méchant », une sorte de mini Ben Laden, de manière à orienter l’opinion publique afin qu’elle agrée ces lois restrictives en terme les libertés individuelles.
Également, Hani Ramadan avait été limogé arbitrairement de son poste d’instituteur en 2003, en raison de sa prise de position sur l’inanité d’un moratoire à propos de la lapidation. Il a ensuite gagné tous ses procès contre le gouvernement qui refuse pourtant de le réintégrer dans son emploi. Le pouvoir politique ne peut pas tolérer qu’il puisse incarner, par sa victoire contre l’Etat, un leadership de l’Islam en Suisse. Cela d’autant plus qu’étant le petit-fils d’Hassan el-Banna, il est constamment suspecté d’être un représentant des Frères Musulmans, ce qui est évidemment mensonger. Hani Ramadan est un homme honnête, le Centre Islamique qu’il dirige est autofinancé. Les autorités helvétiques sont bien sûr plus complaisantes avec les représentant de l’Islam dont les salaires sont payés par des pays étrangers.
Pour toutes ces raisons, Hani Ramadan devenait trop gênant.
Vous avez été entendu à deux reprises par une commission d’enquête. Qu’attendez-vous de leur travail ?
Lors de ma deuxième audition, un homme qui nous a été présenté comme un technicien était en réalité un représentant des services secrets. Le président de la Délégation, le Conseiller aux Etats Hans Hofmann, s’en est ensuite excusé une quinzaine de jours plus tard, en admettant que c’était une « erreur ». Pires encore, les procès-verbaux de mes auditions ont été falsifiés, de manière à compromettre l’ensemble de mes déclarations. Je vous donne un exemple parmi la trentaine qu’il nous a été impossible de faire rectifier. Alors que je dis: « quand on me connaît un peu, il est impossible de penser que je suis manipulé par Hani Ramadan », le document protocolé indique exactement le contraire : « Quand on me connaît un peu, il n’est pas impossible de penser que je suis manipulé par Hani Ramadan ».
Voyez-vous, entre la vérité et l’intérêt de l’Etat, le choix de cette commission a manifestement été vite fait. Je ne me fais aucune illusion sur les conclusions que ses membres formuleront, et, pour tout dire, cela m’importe peu. En temps utile, je rendrai publique l’intégralité des informations en ma possession ainsi que les différentes activités illégales que m’ont demandé d’accomplir les services secrets, comme par exemple le financement d’activistes. Cela même si ça doit me coûter une inculpation. Nous verrons bien qui a le plus à perdre dans ce grand déballage.
Quelle est votre opinion aujourd’hui sur les services de renseignements ?
Le problème, en Suisse, est que le renseignement intérieur est confié à un service de la police fédérale, un mélange des genres qui n’aboutit qu’à des catastrophes. Ces gens, par exemple, considèrent qu’un musulman qui effectue ses cinq prières obligatoires dans une mosquée est un terroriste potentiel. Ils n’ont absolument aucune considération pour les valeurs de l’Islam.
Quelle est, selon vous, la situation des musulmans en Suisse ?
Au-delà des déclarations d’intention opportunistes d’hommes politiques démagogues, comme le Ministre de l’Intérieur Christophe Blocher, les faits démontrent que la Suisse, comme la plupart des pays occidentaux, devient tous les jours plus clairement islamophobe. L’UDC, le parti d’extrême-droite dont Monsieur Blocher est issu, s’emploie à dresser les citoyens les uns contre les autres en maniant dangereusement les amalgames. Pour vous donner un exemple, une récente campagne d’affichage de ce parti assimilait explicitement les musulmans pratiquant avec Ben Laden. Cela se passe de commentaire.
Vous êtes devenu musulman. Cela a-t-il changé votre vie ?
Bien sûr, ma conversion m’a ouvert les yeux sur beaucoup de chose, notamment sur la manière dont je menais ma vie. Ça a été une remise en question longue, profonde et parfois douloureuse. Je ne prétends pas être un musulman parfait, mais je me rends compte combien je souffrais auparavant alors que je me prétendais libre. J’étais en fait surtout libre de faire n’importe quoi n’importe comment. Au départ, l’Islam n’était pas pour moi un choix, mais les musulmans que j’ai rencontrés, particulièrement en Egypte, m’ont permis d’intégrer une véritable spiritualité. Mon allégeance est irréversible.
Dossier de Claude Covassi
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Communiqué ATS/SDA: ULTIMATUM
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Communique a l’ATS-SDA
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Pour toutes ces raisons, Hani Ramadan devenait trop gênant.
Vous avez été entendu à deux reprises par une commission d’enquête. Qu’attendez-vous de leur travail ?
Lors de ma deuxième audition, un homme qui nous a été présenté comme un technicien était en réalité un représentant des services secrets. Le président de la Délégation, le Conseiller aux Etats Hans Hofmann, s’en est ensuite excusé une quinzaine de jours plus tard, en admettant que c’était une « erreur ». Pires encore, les procès-verbaux de mes auditions ont été falsifiés, de manière à compromettre l’ensemble de mes déclarations. Je vous donne un exemple parmi la trentaine qu’il nous a été impossible de faire rectifier. Alors que je dis: « quand on me connaît un peu, il est impossible de penser que je suis manipulé par Hani Ramadan », le document protocolé indique exactement le contraire : « Quand on me connaît un peu, il n’est pas impossible de penser que je suis manipulé par Hani Ramadan ».
Voyez-vous, entre la vérité et l’intérêt de l’Etat, le choix de cette commission a manifestement été vite fait. Je ne me fais aucune illusion sur les conclusions que ses membres formuleront, et, pour tout dire, cela m’importe peu. En temps utile, je rendrai publique l’intégralité des informations en ma possession ainsi que les différentes activités illégales que m’ont demandé d’accomplir les services secrets, comme par exemple le financement d’activistes. Cela même si ça doit me coûter une inculpation. Nous verrons bien qui a le plus à perdre dans ce grand déballage.
Quelle est votre opinion aujourd’hui sur les services de renseignements ?
Le problème, en Suisse, est que le renseignement intérieur est confié à un service de la police fédérale, un mélange des genres qui n’aboutit qu’à des catastrophes. Ces gens, par exemple, considèrent qu’un musulman qui effectue ses cinq prières obligatoires dans une mosquée est un terroriste potentiel. Ils n’ont absolument aucune considération pour les valeurs de l’Islam.
Quelle est, selon vous, la situation des musulmans en Suisse ?
Au-delà des déclarations d’intention opportunistes d’hommes politiques démagogues, comme le Ministre de l’Intérieur Christophe Blocher, les faits démontrent que la Suisse, comme la plupart des pays occidentaux, devient tous les jours plus clairement islamophobe. L’UDC, le parti d’extrême-droite dont Monsieur Blocher est issu, s’emploie à dresser les citoyens les uns contre les autres en maniant dangereusement les amalgames. Pour vous donner un exemple, une récente campagne d’affichage de ce parti assimilait explicitement les musulmans pratiquant avec Ben Laden. Cela se passe de commentaire.
Vous êtes devenu musulman. Cela a-t-il changé votre vie ?
Bien sûr, ma conversion m’a ouvert les yeux sur beaucoup de chose, notamment sur la manière dont je menais ma vie. Ça a été une remise en question longue, profonde et parfois douloureuse. Je ne prétends pas être un musulman parfait, mais je me rends compte combien je souffrais auparavant alors que je me prétendais libre. J’étais en fait surtout libre de faire n’importe quoi n’importe comment. Au départ, l’Islam n’était pas pour moi un choix, mais les musulmans que j’ai rencontrés, particulièrement en Egypte, m’ont permis d’intégrer une véritable spiritualité. Mon allégeance est irréversible.
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sfux - 26. Mär, 14:05 Article 4361x read